Après nous avoir plongés dans le Paris de l’entre-deux guerres et fait swinguer avec son Bœuf sur le toit, Alexandre Tharaud se livre avec Autograph, à un éloge du bis.
Il réunit quelques-uns de ceux qu’il a offerts en deux décennies de concerts, rassemblés dans des « cahiers de rappels » emportés en tournée, et pour certains déjà enregistrés sur de précédents disques. Manière d’autoportrait, abrégé kaléidoscopique de son répertoire, couvrant trois siècles de musique, d’un seul fil tendu de Rameau à Rachmaninov, de Satie à Strasnoy. D’autres pièces empruntent au modèle vocal, comme les Romances sans paroles de Mendelssohn et Fauré, ou brossent des portraits (un cygne, un lac, un aveu d’amour, un jour de noces). Toutes ces miniatures dissimulent des canons sous des fleurs, comme l’écrivait Schumann, car malgré leur modestie et leur simplicité apparentes, elles ouvrent à des univers entiers. Et pour commencer, à celui d’Alexandre Tharaud.
“Les petites formes musicales m’ont toujours attiré. Bien sûr, j’adore la sonate de Liszt, les grands concertos, les opéras de Wagner, mais aussi les préludes de Chopin. Plusieurs de mes disques sont composés de petits chefs d’œuvre. Jacques Brel a démontré qu’une chanson de trois minutes peut en dire autant qu’une symphonie.”
Alexandre Tharaud
Ce nouvel album constitué de 23 petites pièces, souvent jouées en « bis » (ou, comme le disent les Anglais, ‘encore’) reflète les goûts musicaux éclectiques d’Alexandre Tharaud.
Parmi les morceaux les plus populaires du recueil on trouve la délicieuse Valse-Minute de Chopin (ré bémol majeur, Op. 64, N° 1), l’énigmatique 3ème Gymnopédie de Satie, le joyeux Jour de Noces à Troldhaugen de Grieg et le mélancolique Prélude en ut dièze mineur de Rachmaninov.
Les œuvres arrangées pour piano comprennent une version de la Valse Triste de Sibelius, qui faisait à l’origine partie de la musique de scène de Kuolema, avant d’être publiée isolément en 1905, Le Cygne de Saint-Saëns, ré-imaginé de façon virtuose par Leopold Godowsky, et la transcription lancinante du Prélude BWV 855a de Bach par Alexander Siloti, à la fois le professeur et cousin germain de Rachmaninov; Cette pièce est associée tout particulièrement au grand pianiste Emil Gilels qui l’a si souvent jouée.
Les talents d’arrangeur d’Alexandre sont illustrés par ses transcriptions de l’Andante du Concerto BWV 979 de Bach et de l’Adagietto de L’Arlésienne de Bizet.
Cette nouvelle collection de bis richement contrastés complète la discographie d’Alexandre Tharaud chez Erato, qui, outre le ‘Bœuf sur le Toit’, comprend des disques de Bach, Chopin, Scarlatti ainsi que la bande originale du film Amour de Michael Haneke primé en 2012. “La discographie d’un musicien se bâtit de pierres et de couleurs différentes”, dit le pianiste. “Même si je ne suis pas un créateur à part entière, j’aime à construire une œuvre. Chaque disque a un retentissement sur le suivant.”