Ce nouvel enregistrement de Renaud Capuçon vient couronner une actualité musicale essentiellement consacrée à Beethoven. Depuis l’été 2009, en effet, le jeune violoniste français s’est associé au pianiste Frank Braley pour interpréter l’intégrale des sonates pour violon et piano du « grand sourd ». Aux dires mêmes de Renaud Capuçon, « cette intégrale est le grand projet pour les deux années qui viennent. (…) C’est un vrai marathon de trois heures et demie de musique ». Marathon que les deux solistes ont commencé à courir aux quatre coins de la France, avant de se produire dans une grande tournée européenne.
Renaud Capuçon et Frank Braley ont construit le programme de ce disque, ainsi que de leurs récitals, en respectant l’ordre de composition de ces œuvres : « On donne les dix sonates dans l’ordre chronologique pour suivre l’évolution du compositeur ». De fait, composées sur une vingtaine d’années, ces dix sonates illustrent l’importance croissante que va connaître le violon au tournant des XVIIIe et XIXe siècles : sous l’influence de Viotti et de Mozart, cet instrument a gagné en autonomie et a inspiré des compositions de plus en plus virtuoses. Si les premières sonates de Beethoven offrent au piano un rôle de premier plan, les suivantes accordent un statut équivalent aux deux instruments, amenant les solistes à se partager le discours musical.
Lors du concert qu’ils ont donné au Festival de La Roque d’Anthéron en août 2009, Renaud Capuçon et Frank Braley ont su conjuguer leurs talents pour tisser « un jeu fluide, rigoureux, précis ». Selon La Provence, « un dialogue savoureux s’est établi entre les deux instruments au fil des morceaux. Avec pour récompense, un triomphe plusieurs fois renouvelé du public conquis par l’association de deux jeunes virtuoses ».
Renaud Capuçon avait très à cœur de réaliser ce projet éminemment personnel : « Ces sonates me renvoient à plein de souvenirs. La sonate du Printemps est la première pièce de Beethoven que j’ai jouée, j’avais dix ans. C’est un compositeur exceptionnel, le passage obligé pour tout violoniste. Je tenais à faire cette intégrale ». Et d’ajouter : « Ce sont des œuvres avec lesquelles on ne peut pas tricher. Il faut dégager une colonne vertébrale, construire et chanter. »
Renaud Capuçon avait déjà eu l’occasion de faire chanter son instrument - le Guarneri del Gesù «Panette» (1737) ayant appartenu à Isaac Stern, acheté pour lui par la Banque Suisse italienne – pour mettre en valeur les partitions du compositeur allemand. Son enregistrement du Concerto pour violon de Beethoven, publié par Virgin Classics en 2009, lui a valu une presse dithyrambique. Selon le BBC Music Magazine, Renaud Capuçon « aborde le Concerto de Beethoven d’une façon qui rappelle les grands virtuoses du passé, tant il exalte les qualités lyriques et expressives de l’œuvre ». En France, le site AltaMusica a loué son jeu “ gracieux, suprêmement élégant et de sonorité magnifique…”
La carrière de Renaud Capuçon est étroitement associée à celle de son frère Gautier, avec qui il forme un tandem pour ainsi dire déjà légendaire. Leur discographie exclusive pour Virgin Classics a pérennisé cette complicité musicale hors du commun entre violoniste et violoncelliste. Néanmoins, le marathon beethovénien auquel Renaud Capuçon a choisi de se dédier marque une évolution dans leur talentueuse fratrie : « Jusqu’à présent, nous avons joué énormément ensemble. Nous avons décidé de le faire un peu moins. Nous avons chacun notre vie, notre carrière. Nous voulons conserver intact le plaisir de nous retrouver et le faire durer très longtemps. »
En revanche, Renaud Capuçon a retrouvé en Frank Braley un complice de longue date. Outre que les deux musiciens français ont donné de nombreux concerts en duo - ou en trio avec Gautier -, ils ont enregistré pour Virgin Classics deux disques de musique de chambre, l’un consacré à Schubert (le Quintette « La Truite » et les Trios op. 99 & 100), l’autre à Ravel (Trio pour piano et Sonate pour violon).