Johann Sebastian Bach, Peteris Vasks
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Dans ce premier enregistrement en tant que soliste et chef – c’est aussi son premier enregistrement avec le Chamber Orchestra of Europe – Renaud Capuçon juxtapose deux concertos pour violon de Bach à un concerto composé plus de 350 années plus tard : Tala gaisma (Distant Light) du compositeur letton contemporain Pēteris Vasks.
Voici un programme passionnant et inattendu. Renaud Capuçon a voulu graver deux parmi les plus beaux concertos pour violon de Bach. En complément et fidèle à ses choix précédents au disque (un concerto connu, un concerto moins connu) son choix s’est porté sur Distant Light, dont il dit être “tombé amoureux dès qu’il l’a découvert”, associant ainsi deux mondes à l’esthétique très différente …
Leur musique a toutefois quelque chose en commun: « une pureté des lignes, simplicité apparente….” (…) On est face à une musique qui apaise, qui régénère, qui donne de l'espoir. »
Selon Pēteris Vasks “Mon intention est de nourrir l’âme et c’est ce que je prêche dans mes œuvres … La plupart des gens aujourd’hui n’ont plus de croyances, d’amour ni d’idéal. La dimension spirituelle a été perdue.”
Vasks est né en 1946, un an avant son compatriote Gidon Kremer, dédicataire de Distant Light, qui a été créé en 1997 au Festival de Salzbourg, par Kremer et son ensemble alors tout nouvellement constitué: la Kremerata Baltica. Dans sa musique, Vasks s’inspire souvent des phénomènes naturels – ici, des étoiles scintillant dans le ciel nocturne – et inclut des éléments de musique populaire lettonne dans un idiome moderne. Le concerto trouve sa source dans les propres souvenirs du compositeur et dans l’autobiographie de Kremer : Kindheitsspiltter (Fragments d’enfance).
Comportant un seul mouvement en onze sections, avec des contrastes d’atmosphère caractéristiques, il est fondamentalement tonal et souvent contemplatif.
Les concertos pour violon de Bach furent probablement composés lors du séjour du musicien à la petite cour de Coethen, où, il s’était installé en 1717, attiré par le prince Léopold d’Anhalt Coethen, jeune homme passionné de musique de chambre formé en Italie. À Coethen, Bach dirigeait un excellent orchestre qui lui a permis d’atteindre le sommet de son art dans le domaine de la musique instrumentale. Cet épisode de son existence, l’un des plus heureux et des plus fructueux, a aussi été l’un des plus favorables à l’épanouissement de son génie de violoniste, altiste, claveciniste, organiste, et c’est à Coethen qu’il a écrit la plupart de ses pièces instrumentales, exécutées par lui-même ou dédiées aux meilleurs solistes de l’orchestre princier.
Le concerto de soliste reste l’une des formes musicales qui réunit tous les attraits de la virtuosité, et la joie de la musique éclate dans ces concertos. On sait combien il fut influencé par les maîtres italiens, Corelli et Vivaldi en tête, mais on admire avec quel art il « joue » avec la richesse de la palette sonore du violon.
Renaud Capuçon a voulu travailler avec le Chamber Orchestra of Europe dont il apprécie le charactère unique, d’une concentration extrême. « Dès que nous avons commencé à jouer ensemble, nous avons senti que partagions le même esprit.” « Ce fut aussi un privilège de travailler avec une claveciniste hors-pair”, la française Céline Frisch, qui assure le continuo. “En dirigeant l’orchestre depuis le violon, j’assume des responsabilités différentes et plus étendues. Au lieu d’être absorbé par les détails de la partie soliste, je me dois de conduire totalement l’exécution. Le fait d’endosser ce rôle supplémentaire me permet une meilleure vue de l’image musicale globale. Mais avec cet orchestre, l’expérience ressemble à de la musique de chambre, les musiciens s’exprimant au fur et à mesure des séances d’enregistrement. Tout cela s’est passé de façon très organique.”