Le deuxième enregistrement de l’Orchestre de Paris sous la direction de son nouveau chef, Paavo Jarvi, est entièrement consacré à Fauré, avec le Requiem comme pièce centrale. Les solistes en sont le baryton Mathias Goerne et Philippe Jaroussky dans le « Pie Jesu », habituellement dévolu à une soprane.
Le disque comprend une première : « Super Flumina Babylonis » admirablement interprété par les Chœurs de l’Orchestre de Paris.
Par un fait curieux, quelques uns des plus beaux Requiems sont le fait de musiciens peu religieux. Le rapport de Fauré à la foi explique la nature insolite de son requiem, non seulement dans le choix des textes mis en musique, mais également dans le caractère. Fauré préfère illustrer des textes moins théâtraux et plus consolateurs que dans les Requiems de Mozart, Verdi ou Berlioz : il suffit d’écouter l’humanité suppliante du Pie Jesu ou la vision angélique de l’In paradisum.
En même temps qu’il commence l’écriture du Requiem, il compose sa Pavane. Les deux autres pages du programme de ce disque remontent aux années de formation de Fauré. Avec Super flumina Babylonis il obtint une mention très honorable au Prix de composition en 1863, une pièce restée inédite de son vivant, et dont c’est le premier enregistrement. En 1865, Fauré remporta le premier prix de composition avec le Cantique de Jean Racine. Autre pièce du jeune Fauré, promise, quant à elle à une gloire gigantesque, l’Elégie pour violoncelle et piano. A la demande du chef d’orchestre Edouard Colonne, Fauré orchestra l’œuvre en 1895. Il dirigea lui-même cette nouvelle version en 1901 avec Pablo Casals en soliste.
Paavo Järvi a pris la direction de l’Orchestre de Paris au début de la saison 201-2011, et ce disque est le reflet des concerts qui ont eu lieu à Paris au début 2011. Tout comme leur premier disque, dédié à un compositeur français, Bizet, celui-ci est consacré à un autre français, Gabriel Fauré.
Son Requiem, serein, inspirant un sentiment de consolation est au cœur de ce disque, qui se compose par ailleurs de trois autres pièces célèbres et d’une pièce pour chœur « Super Flumina babylonis ».
« Pour un chef non français, travailler le répertoire français avec un orchestre français est une perspective vraiment intéressante, et l’Orchestre de Paris est souverain dans cette musique » commente Paavo Järvi. J’ai découvert la musique française assez tôt, tandis que j’étudiais le répertoire romantique, avec Fauré, Bizet et Dukas. Debussy et Ravel vinrent un peu après. Ce fut une vraie révélation pour moi. »
Le Requiem comporte deux parties de solistes, une pour soprano et un pour baryton. Dans cet enregistrement, le contre ténor Philppe Jaroussky apporte son timbre angélique et son phrasé sensible au célèbre Pie Jesu. Le baryton allemand Matthias Goerne émeut par son timbre chaud approprié à cette musique.
Notons aussi tout au long de ces œuvres, l’interprétation magistrale du Chœur de l’Orchestre de Paris.