Artistes présents:
Philippe Jaroussky, Raquel Andueza, Vincenzo Capezzuto, Dominique Visse, Gianluigi Trovesi, Wolfgang Muthspiel
Avec Music for a While, Christina Pluhar et l’Arpeggiata illustrent l’extraordinaire modernité de Purcell. Leurs interprétations inspirées de la liberté d’improvisation du compositeur s’enrichit de l’expérience du jazz. Un enregistrement étonnant où nous retrouvons les partenaires habituels de Christina Pluhar : les chanteurs Philippe Jaroussky, Raquel Andueza, Vincenzo Capezuto et Dominique Visse, ainsi qu’un ensemble d’invités venus du jazz. Music for a While nous plonge dans une atmosphère singulière où se rencontrent de merveilleux musiciens issus de tous bords qui ensemble, rendent un hommage improvisé à la musique de Purcell. Magique !
La musique de Purcell a traversé les siècles sans prendre une ride et a gardé tout son attrait pour le public contemporain. Elle a ainsi influencé bien des compositeurs et interprètes, dans le domaine classique mais aussi dans le jazz, le rock ou la musique de film. C’est la façon dont Purcell a eu recours à l’improvisation et à la basse obstinée qui a inspiré tant de musiciens contemporains.
En ce sens, la musique de Purcell convient tout particulièrement à l’esthétique de L’Arpeggiata, car les interprétations de Christina Pluhar ont toujours porté la marque de l’improvisation et du jazz.
« Un moment rare de fête musicale. Depuis des années, par leur son jubilatoire, [Christina Pluhar et L’Arpeggiata] démontrent de la façon la plus convaincante que la musique ‘ancienne’ peut sonner de manière fraîche et intemporelle. Christina Pluhar ne reconnaît aucune frontière, aucune division entre les siècles. Pour elle, tout est musique. »
Le Potsdamer Neueste Nachrichten
« Les meilleurs moments de tous les concerts donnés par L’Arpeggiata sont peut-être les improvisations. Ayant posé une basse obstinée (comme un riff de guitare dans un autre contexte) les membres du groupe ensuite, chacun à son tour, se mettent en avant pour un break comme dans le jazz. »
Purcell a fréquemment utilisé la basse obstinée ou « grounds », une figure répétée de la ligne de basse. Le plus célèbre exemple de la musique classique se trouve précisément dans la lamentation de Didon « When I am laid in earth », l’air final de son opéra Didon et Enée. La basse obstinée fournit une base idéale pour les improvisations de L’Arpeggiata qui en a fait sa marque de fabrique.
Purcell a influencé la musique moderne; ses « grounds » ont inspirés bon nombre de musiciens pop, rock, jazz ainsi que les cinéastes.
Pete Townshend (les Who) y puise son inspiration dans « I Can See for Miles » (1967), « Pinball Wizard » (1969) et «Won’t Get Fooled Again » (1971). L’air «What power art thou » de son opera King Arthur fut le tube planétaire de Klaus Nomi, qui l’intitula «Cold Song » (l’air du froid) en 1981. Sting inclut « Cold Song » dans son album If on a Winter’s Night, ainsi qu’Arielle Dombasle dans le sien, en 2013. Purcell a figuré dans les musiques de films : Wendy Carlos adapta Music for the Funeral of Queen Mary dans Orange mécanique de Kubrick (1971). La Chute (2004) fait usage du « Lamento de Didon » et la musique de Pride and Prejudice (2005) de Joe Wright inclut «A Postcard to Henry Purcell ».
Pour Music for a While Christina Pluhar a réuni des chanteurs, des cordes pincées, des instruments à vent, un clavier et des percussions. Elle démontre la modernité extraordinaire de Purcell à l’aide de subtiles modifications rythmiques et harmoniques.
Les lignes de basse et les mélodies composées par Purcell demeurent intactes, mais l’ajout d’instruments tels que la guitare acoustique et la guitare électrique, de même que les libres improvisations, nous transportent soudain du 17e au 21esiècle.
Coté contemporain, citons Wolfgang Muthspiel, superbe musicien de jazz, tandis que la tradition baroque est représentée par le contre-ténor Dominique Visse, (il fut l’élève de d’Alfred Deller (1912-1979), qui remit à l’honneur la voix de contre ténor, grâce à la musique de Purcell entre autres) et bien sûr son digne héritier, Philippe Jaroussky.
Le légendaire Music for a While qu’il interprète ici accompagné de clarinette, piano et batterie apporte une liberté, une modernité étonnante sans jamais toucher à l’esprit de l’œuvre.