Claude Debussy, Erik Satie, Maurice Ravel, César Franck
Alain Lefèvre, pianiste et compositeur canadien d’origine française, fait ses débuts chez Warner Classics avec la parution de My Paris Years – French Music for Piano. Cet album rassemble une collection des plus grands classiques du répertoire de la musique française, où l’on retrouve les œuvres parmi les compositeurs les plus célébrés tels Claude Debussy, Maurice Ravel, Erik Satie et César Franck.
Alain Lefèvre a passé les quatre premières années de sa vie en France avant d’immigrer avec sa famille au Québec, terre d’accueil et d’adoption. Ses retrouvailles avec la France et en particulier Paris, pour son effervescence culturelle, ne commenceront cependant véritablement qu’à son retour sur le vieux continent.
Âgé de dix-sept ans, il s’installe à Paris afin de poursuivre ses études en piano et composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe du légendaire pianiste et compositeur Pierre Sancan, lequel voit déjà en lui « l’un de ses plus brillants disciples ». Lefèvre se souvient : « Il était avant tout soucieux de révéler la personnalité de chacun de ses élèves ». « Il possédait une admirable connaissance des répertoires français, allemand et russe; il avait été le disciple d’Yves Nat et n’hésitait pas à exprimer son admiration pour le pianiste Dinu Lipatti… Il n’aurait pu être plus éclectique! »
L’on rencontre également une forme d’éclectisme chez Alain Lefèvre, pour qui l’approche de la musique passe par l’étude des autres prestations artistiques, qu’il considère souvent comme complémentaires. Passionné par l’art sous toutes ses formes, il s’est ainsi plongé, lors de ses années parisiennes, dans l’étude des œuvres de nombreux grands noms de la littérature française.
« La littérature et l’art français sont animés par une clarté de pensée et une forme d’élégance sans pareilles », déclare-t-il, tout comme l’est également la musique choisie pour cet album. Pièce après pièce, My Paris Years capte cette essence et réincarne un Paris à la fois sombre et vivant, paisible et plein de vie, sentimental et insouciant. Unis en un tout, ils conservent cependant chacun l’unicité qui leur est propre.
Lefèvre qualifie les trois morceaux de Debussy de pôles opposés à bien des égards, de véritables « antipodes ». « La virtuosité s’impose avec L’Isle Joyeuse, ce qui n’est pas le cas avec Clair de Lune et Arabesque. Et pourtant... L’Isle Joyeuse est bien plus qu’une pièce formidablement technique. J’y vois l’apogée d’une fascination pour l’ésotérisme, des œuvres clés comme le tableau Les Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin, que Théophile Gautier a tant apprécié. Le raffinement de l’écriture de Gautier – je pense à son roman Mademoiselle de Maupin – annonce déjà le son impressionniste de Debussy. »
Alain Lefèvre décrit ensuite la Sonatine de Ravel comme étant « une montre de la plus grande précision, à l’image des partitions de Rameau que Ravel admirait tant. Le pianiste ne peut s’y appuyer sur un tempo soutenu ni sur une structure puissante. La musique jaillit comme un parfum qui nous enivre, en suspension, un divertissement indescriptible, à la fois léger et profond. »
Dans le cas de la Pavane pour une infante défunte, Lefèvre livre une performance qui fait honneur aux conseils de Ravel : « Évitez de dramatiser. Ce n’est pas la déploration funèbre d’une infante qui vient de mourir, mais bien l’évocation d’une pavane qu’aurait pu danser telle petite princesse, jadis, à la cour d’Espagne. »
Les compositeurs Franck et Satie forment ensuite un contraste surprenant, où tous deux s’appuient sur des variations d’humeur et de tempéraments, mais de manières très distinctes. Lefèvre perçoit le « mysticisme » de Franck, lorsque Prélude, Choral et Fugue « confrontent l’interprète aux constants changements d’humeur et aux influences certaines de Beethoven, de Schumann et de Wagner ».
Satie, en revanche, pose une énigme minimaliste. « La fantastique popularité des Trois Gymnopédies dissimule leur incroyable complexité. L’interprète doit respecter le tempo indiqué, composer avec l’égalité des accords, contrôler une pédale particulièrement subtile et éviter les fausses accentuations… Les œuvres et la personnalité de Satie, si raffinées, contrastent avec les abominables privations dont il souffrait au quotidien. La plus intemporelle des beautés naît aussi, parfois, dans les circonstances les plus improbables. »
My Paris Years est, en son essence, un hymne à la ville où Lefèvre a passé quelques-unes de ses années les plus précieuses. Au fil des morceaux choisis, il parvient à recréer en musique l’âme et le cœur d’un Paris qui lui est cher, des flots tumultueux de la Seine à ses rives plus calmes en amont, de l’ambiance feutrée de ses rues aux tourbillons d’agitation qui l’animent