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« Au-delà de l’intérêt musical de ses œuvres, ses opéras nous étonnent toujours par leur modernité, la richesse et la diversité de leurs personnages » constate Philippe Jaroussky. « Metteurs en scène et maisons d’opéras montrent un intérêt croissant à monter ses œuvres. Ses opéras sont pleins de fantaisie, de folie, d’humour et d’émotion. Ils nous offrent une variété qu’on ne trouve pas dans l’opéra séria du 18ème siècle. »
Francesco Cavalli (1602-76) est une figure importante de l’histoire de l’opéra; depuis le début des années 60, ses œuvres suscitent à nouveau l’intérêt et sont de plus en plus souvent à l’affiche. Cavalli, un des successeurs les plus importants de Monteverdi, vivait à Venise à une époque où l’opéra commençait à sortir des cercles aristocratiques pour investir les théâtres publics. Sa musique se caractérise par une expression fluide du recitar cantando. D’un point de vue dramatique on y trouve une grande variété de tons, combinant noblesse, tragédie ou mythologie avec farce, comédie et truculence. »
« Cavalli a joué un rôle majeur dans le fait que l’opéra soit devenu un divertissement populaire – un genre nouveau créé par Monteverdi et ses contemporains. Il a composé de nombreuses œuvres pour le théâtre San Cassiona, le premier à Venise à monter des opéras. »
Cavalli a aussi composé de la musique religieuse. Enfant, il a chanté sous la direction de Monteverdi dans la chorale de la Basilique St Marc. En 1668, il prit la succession de Monteverdi comme organiste de la cathédrale avant d’en devenir le maitre de chapelle.
Pour choisir le programme de son disque, Philippe Jaroussky a étudié les manuscrits de la plupart des 37 opéras de Cavalli qui nous sont parvenus. « J’avais vraiment envie de montrer au long de ce disque, toute la variété et les qualités propres de la musique écrite par Cavalli. Par moment elle parait d’une simplicité confondante, mais elle a une vraie spécificité mélodique et harmonique. L’album illustre les contrastes que l’on trouve au fil de ses opéras tandis qu’ils évoluent scène après scène où l’on voit qu’un lamento peut précéder une scène burlesque. »
Philippe Jaroussky a choisi des pièces vocales et instrumentales provenant d’une douzaine d’opéras, allant d’œuvres assez connues comme Calisto, Ercole amante, Ormindo et Giasone en passant par Eliogabalo qui fut récemment monté à Paris et Amsterdam, jusqu’à des œuvres plus rares comme, Statira, principessa di Persia et La virtù dei strali d'Amore. Il a aussi inclus quelques duos d’amour pour lesquels il a convoqué des complices comme Emöke Barath et Marie Nicole Lemieux hilarante dans le duo Ninfa bella de la Callisto.
Le titre du disque renvoie à un air Xerse, un opéra composé en 1654 (sur le même livret repris par Haendel 80 ans plus tard pour son Serse !)
« C’est étonnant, mais il y a des similitudes entre les airs de Ombra mai fu de Haendel et de Cavalli » constate Philippe Jaroussky. Les deux sont assez courts et en trois temps. Haendel connaissait-il le Xerse de Cavalli ? C’est possible. Une différence intéressante est que chez Haendel le premier violon joue avec la voix. Dans la version de Cavalli, le violon joue plus haut et complète les harmonies, variant constamment et créant un très bel effet de couleurs irrisées. » Dans cet enregistrement, les violons sont ceux de l’ensemble Artaserse, créé par Philippe Jaroussky en 2002 ou il a réuni des musiciens baroques de tout premier plan.