Pour paraphraser Alexandre Tharaud, Marcelle Meyer s’imposait triomphante en enregistrant Rameau durant cet automne 1953, y résumant tout son art. Ces deux disques fondateurs furent une invention, toujours aussi stupéfiante aujourd’hui. Ce qui surprend dans son Rameau, c’est cette plénitude, cette sensualité chatoyante, même dans la poésie nostalgique (Le rappel des oiseaux), ou flamboyante (Les sauvages), le sens des équilibres et des perspectives, les variations de lumières qui montrent un usage savant de la pédale. On peut toucher l’air entre les notes de son Rameau, le voir vibrer. Et par-dessus tout, l’évidence du discours. Elle crée sur le clavier du piano un équilibre qui n’est pas opposé à celui d’un claveciniste. Par-delà les époques et les factures, le Rameau de Marcelle Meyer est aussi naturel, aussi offert que celui de Scott Ross. C’est bien ce mystère d’une dissemblance fraternelle qui nous interroge aujourd’hui encore et a conduit Alexandre Tharaud à ne pas craindre d’oser Rameau au piano.
RAMEAU
Premier Livre de Pièces de clavecin - Suite en mi mineur - Suite en ré majeur - Suite en la mineur - Suite en sol majeur - Pièces en concert - Pièces de clavecin
Marcelle Meyer
2CD