Sergei Prokofiev, Sergei Rachmaninov
Artistes présents:
C’est sous l’égide de Martha Argerich qu’eut lieu, il y a quelques années, au Festival de Lugano, la rencontre du violoncelliste français Gautier Capuçon et de la pianiste vénézuélienne Gabriela Montero. Ce fut un coup de foudre musical que les deux jeunes solistes ont dès lors prolongé en donnant ensemble de nombreux concerts. Pour autant, ce disque constitue leur premier enregistrement en duo.
Le programme en est dédié à deux immenses compositeurs russes du XXe siècle, Rachmaninov et Prokoviev. Il comprend l’unique sonate pour violoncelle et piano de chacun de ces deux musiciens. Composées à presque un demi-siècle d’intervalle (en 1900 et en 1949), ces deux pièces appartiennent de fait à des périodes historiques et esthétiques fort différentes. En outre, Gautier Capuçon et Gabriela Montero livrent leur propre transposition des deux plus célèbres « tubes » de Rachmaninov : la lancinante Vocalise et la Variation délicieusement rococo à partir de la Rhapsodie sur un thème de Paganini.
“Gabriela et moi, nous abordons la musique avec les mêmes instincts et les mêmes passions», explique Gautier Capuçon. “Notre approche est non seulement instinctive, mais également analytique.” Gabriela Montero, pianiste autant reconnue pour ses improvisations que pour ses interprétations, acquiesce : « Nous partageons le même monde musical – mais Gautier apporte de nombreuses surprises à cette connivence. Notre approche est émotive, mais il y a un esprit derrière tout cela. Il y a une intégration naturelle, organique, de la sensibilité et de la cérébralité. »
« Il y a tant d’humeurs différentes dans ces deux sonates russes », poursuit-elle. « Celle de Prokoviev est mystérieuse et éthérée, mais également pleine d’ironie et d’humour noir. » Bien qu’il reconnaisse la noirceur de l’œuvre, Gautier Capuçon souligne également son « sens de l’espoir ». Selon lui, la pièce de Rachmaninov est « probablement la sonate pour violoncelle la plus romantique. Elle se caractérise par des sentiments profonds qui s’expriment avec une grande honnêteté. » Gabriela Montero saisit le propos au vol : « La sonate de Rachmaninov est romantique, incarnée, stoïque et noble… Ses quatre mouvements sont si riches en émotions – à chaque fois que nous l’interprétons, il nous semble mourir et renaître. Nous prenons de nombreux risques lorsque nous jouons ensemble, mais nous ne nous abandonnons pas à des mouvements irrationnels – nous sommes toujours guidés par le contenu de la musique. Nous n’avons pas besoin de parler avec des mots, il nous suffit de communiquer à travers la musique. »