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Enregistré sur le vif à Saint-Pétersbourg, ce disque pérennise la mémoire d’une soirée exceptionnelle. Le 24 décembre 2008, en effet, Valery Gergiev invitait Gautier Capuçon à se joindre à l’Orchestre du Théâtre Mariinski pour interpréter les Variations Rococo de Tchaïkovsky et la Symphonie Concertante de Prokofiev. Pour le violoncelliste français, ce concert fut un véritable enchantement : « C'était le jour de Noël, la ville était sous la neige : un rêve ! », a-t-il confié dans un entretien accordé au Figaro.
Outre sa valeur artistique, cet enregistrement a ceci de remarquable qu’il signe les débuts de Valery Gergiev pour Virgin Classics. Le maestro russe jouit en effet d’une aura mythique et sait embraser comme nul autre les publics du monde entier. Par sa fougue et son magnétisme irrésistibles, il a replacé Saint-Pétersbourg au centre de l’échiquier musical international, et ravivé le prestige du Théâtre Mariinski - dont il est le Directeur général et artistique – qui s’était sensiblement terni depuis la fin du régime communiste. Sous sa baguette, l’Orchestre de l’ancien Théâtre Kirov est redevenu une formation de premier plan qui fait rayonner le répertoire russe de Londres à New York, en passant par Milan et Tokyo. Valery Gergiev est également invité à diriger les plus prestigieux orchestres, dans le grand répertoire symphonique ou à l’opéra. Directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam depuis 1995, principal Chef invité du Metropolitan Opera de New York depuis 1998, il a succédé à Sir Colin Davis à la tête du London Symphony Orchestra en 2007.
Né en 1981, Gautier Capuçon, est l’un des violoncellistes les plus en vue de la jeune génération. Cultivant la discrétion autant que la sensibilité, ce musicien précoce a été sacré «Nouveau Talent de l’année » aux Victoires de la Musique en 2001, et lauréat, entre autres, d’une bourse Lavoisier du Ministère des Affaires Étrangères et du Borletti-Buitoni Trust Award en 2004.
Très substantielle, sa discographie exclusive pour Virgin Classics témoigne d’une carrière dédiée tout autant au répertoire chambriste que symphonique. Au début de l’année 2009, il a enregistré des concertos de Dvoràk et de Victor Herbert qui ont été accueillis par une presse enthousiaste. Selon The Sunday Telegraph : « Ce n’est pas la première fois que sont enregistrées conjointement ces deux œuvres, mais ce couplage est assurément le plus courant. Les œuvres ont de nombreux traits communs, et Gautier Capuçon tire le meilleur parti de leur séduction mélodique. Le Dvoràk est interprété avec puissance et intensité, tandis que quelques superbes mouvements orchestraux montrent l’éloquence du soliste. ».
Créées à Moscou en 1877, les Variations Rococo sont un véritable pilier du répertoire pour violoncelle. La mélancolie toute romantique de Tchaikovsky s’y pare d’accents délicats inspirés par Mozart, qui était son idole. Au soliste échoit la redoutable gageure d’exprimer la douleur poignante qui étreint le classicisme de ces sept variations, lesquelles doivent être exécutées sans interruption.
Plus rarement jouée est la Symphonie Concertante de Prokofiev. Il s’agit pourtant d’un authentique chef-d’œuvre, frappé au sceau contradictoire d’une ironie glaçante et d’un lyrisme déchirant. Prokofiev la composa avec la collaboration active de Mstislav Rostropovich qui en assura la création, en 1952, sous la baguette de Sviatoslav Richter. Selon un témoignage de ce dernier, «la partie soliste était tellement nouvelle sur le plan des sonorités qu’elle déclenchait de violentes hilarités chez les violoncellistes ». C’est dire la modernité inépuisable de cette œuvre que Prokofiev a écrite en réutilisant les matériaux d’un concerto pour violoncelle composé en 1930.
Ce nouveau disque Virgin Classics nous rappelle donc qu’en ce soir de Noël 2008, sous la baguette de Valery Gergiev, Gautier Capuçon a fait chanter, par la grâce de son violoncelle si expressif, la virtuosité et le sentiment déchirant de ces deux œuvres typiquement russes.