Un an après son récital dédié au castrat Farinelli et aux airs de Porpora, suivi de la bouleversante version du Stabat Mater de Pergolèse, Philippe Jaroussky revient à Vivaldi avec ce nouvel album Pietà, un recueil des plus beaux airs sacrés du prêtre roux. Il y interprète entre autre le Stabat Mater, véritable chef-d’œuvre du compositeur italien, le Longe Mala ou encore le Salve Regina RV 618, accompagné de son Ensemble Artaserse.
Vivaldi composa des œuvres sacrées tout au long de sa vie. Il commença très jeune, avant même son retour à Venise avec le sublime Stabat Mater. Arrivé à la Sérénissime, il fut en quelques sorte compositeur en résidence de l’Ospedale della Pietà, une des grandes institutions charitables de la ville qui entretenait une orchestre et un chœur de jeunes filles réputés.
Durant cette période ses plus belles œuvres sacrées virent le jour, douloureuses, tel le Filiae Maestae Jerusalem ou lumineuses, tel le motet Clara Stella e scintillate, qui fut chanté par Geltruda, une des pensionnaires de l’institution. Celles-ci, interprètes virtuoses, chantaient ses compositions au cours des vêpres, messes et autres cérémonies religieuses derrière les grilles de l’église de leur institution, sans être vues de l’assemblée.
Jusqu’à son départ de Venise en 1740, Vivaldi continua à écrire des œuvres sacrées pour la Pietà mais aussi pour d’autres institutions et villes, en Italie et en Europe.
« Ces joyaux de l’art sacré témoignent de manière émouvante combien Vivaldi tenta toute sa vie de concilier « sa furie de composition prodigieuse » avec les exigences de son statut clérical et de sa foi. Le Prete Rosso, sublime peintre de l’âme humaine, semble y avoir trouvé son point d’équilibre, fragile et poignant. » Frédéric Delamea
Avec Pietà, Philippe Jaroussky se tourne à nouveau vers la méditation sur la douleur que représente le Stabat Mater – cette fois dans la version de 1712, magnifique et déchirante - et il y ajoute une sélection de motets et de pièces sacrées à voix seule. Mais tout n’est pas dans la solennité: Clarae stellae scintillate est un motet entraînant et lumineux à la louange de Marie, et le tendre ‘Domine Deus’ du Gloria RV589 est presque pastoral dans son rythme.
On trouvera aussi, naturellement, la pyrotechnie vocale, comme dans le flamboyant Alleluia du Longe mala, umbrae, terrores RV629.
Notons que sur cet enregistrement, Philippe Jaroussky chante et dirige son ensemble.
« Vivaldi est de loin le compositeur qui m’a porté le plus chance tout au long de ma carrière. Après de nombreux enregistrements dédiés à des compositeurs moins connus du grand public tels que Jean-Chrétien Bach, Caldara ou Porpora, j’ai ressenti un besoin musical mais aussi « physique » de revenir à ce grand compositeur. Je me suis cette fois-ci concentré sur ses motets pour alto, complétant ainsi, après les cantates et les airs d’opéra, une trilogie discographique dédiée au prêtre roux. Son célèbre Stabat Mater fait partie des grands classiques incontournables du répertoire pour contre-ténor, mais je tenais également beaucoup à enregistrer le motet Longe mala, umbrae, terrores qui est pour moi une pièce totalement fascinante. Ce disque est une étape importante pour moi car c’est la première fois que j’enregistre avec mon propre ensemble Artaserse sous une formation orchestrale.»
Philippe Jaroussky